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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

en voir les propriétaires. Les femmes feignaient de trouver ce supplice charmant. La lenteur de l’employé d’octroi le prolongeait trop. D’être ainsi inspectées, convoitées, comme derrière une vitrine, des peureuses retrouvaient la petite syncope du Grand Guignol. Cette populace, c’était la révolution inoffensive. Une parvenue sent son collier à son cou ; mais il fallait ces regards pour que les élégantes sentissent leurs perles auxquelles un poids nouveau ajoutait de la valeur. À côté d’imprudentes, des timides remontaient frileusement leurs cols de zibeline.

D’ailleurs, on pensait plus à la révolution dans les voitures que dehors. Le peuple était trop friand d’un spectacle gratuit, donné chaque soir. Et ce soir-là il y avait foule. Le public des cinémas de Montrouge, après le programme du samedi, s’était offert un supplément facultatif. Il lui semblait que les films luxueux continuassent.

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