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Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/70

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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

laient guère qu’on s’y attardât. Reprenant le mot « sorcellerie » prononcé par quelqu’un, après les mélanges d’Anne d’Orgel, elle parla de philtres, et crut lui exprimer d’une façon délicate qu’il était loin de lui déplaire, en lui chuchotant la recette illustre de ce philtre qui lia pour jamais Tristan et Iseult, ainsi que celle d’autres cocktails, de tous temps et tous pays, destinés à inspirer l’amour.

François de Séryeuse se réveilla. Que racontait-elle ? Il pensa qu’il avait bu seul avec Mme d’Orgel un breuvage qu’elle aurait dû boire avec Anne et dont celui qui l’avait fait n’avait pas bu.

Il se crut deviné par Hester Wayne. Il en montra du trouble. Devant ce trouble, l’Américaine pensa que François de Séryeuse était encore plus niais qu’elle n’avait imaginé, mais qu’il valait la peine qu’on le déniaisât.

— Dans toutes ces boissons, dit-elle, continuant son épais marivaudage, il

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