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Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/151

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en vie puisque seule la mort eût dû m’empêcher de venir hier. Ma stupeur ne pouvait se feindre. Je lui expliquai ma réserve, mon respect pour ses devoirs envers Jacques malade. Elle me crut à demi. J’étais irrité. Je faillis lui dire : « Pour une fois que je ne mens pas… » Nous pleurâmes.

Mais ces confuses parties d’échecs sont interminables, épuisantes, si l’un des deux n’y met bon ordre. En somme l’attitude de Marthe envers Jacques m’était flatteuse. Je l’embrassai, la berçai. « Le silence, dis-je, ne nous réussit pas. » Nous nous promîmes de ne rien nous céler de nos pensées secrètes, moi la plaignant un peu de croire que c’est chose possible.

À J…, Jacques avait cherché des yeux Marthe, puis le train passant devant leur maison, il avait vu les volets ouverts. Sa lettre la suppliait de le rassurer. Il lui demandait de venir à Bourges. « Il faut que tu partes », dis-je,