Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/40

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Sous son chapeau, elle ne pouvait bien me voir. Moi, je l’observais.

— Vous ressemblez peu à madame votre mère, lui dis-je.

C’était un madrigal.

— On me le dit quelquefois ; mais quand vous viendrez à la maison, je vous montrerai des photographies de maman lorsqu’elle était jeune, je lui ressemble beaucoup.

Je fus attristé de cette réponse, et je priai Dieu de ne point voir Marthe quand elle aurait l’âge de sa mère.

Voulant dissiper le malaise de cette réponse pénible, et ne comprenant pas que, pénible, elle ne pouvait l’être que pour moi, puisque heureusement Marthe ne voyait point sa mère avec mes yeux, je lui dis :

— Vous avez tort de vous coiffer de la sorte, les cheveux lisses vous iraient mieux.

Je restai terrifié, n’ayant jamais dit pareille chose à une femme. Je pensais