Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/49

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mestique si Madame était chez elle. Presque aussitôt, Mme Grangier parut dans la petite pièce où l’on m’avait introduit. Je sursautai, comme si la domestique eût dû comprendre que j’avais demandé « Madame » par convenance et que je venais voir « Mademoiselle ». Rougissant, je priai Mme Grangier de m’excuser de la déranger à pareille heure, comme s’il eût été une heure du matin : ne pouvant venir jeudi j’apportais le livre et les journaux à sa fille.

— Cela tombe à merveille, me dit Mme Grangier, car Marthe n’aurait pas pu vous recevoir. Son fiancé a obtenu une permission, quinze jours plus tôt qu’il ne pensait. Il est arrivé hier, et Marthe dîne ce soir chez ses futurs beaux-parents.

Je m’en allai donc, et puisque je n’avais plus de chance de la revoir jamais, croyais-je, m’efforçais de ne plus penser à Marthe, et, par cela même, ne pensant qu’à elle.