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Page:Radiguet - Souvenirs de l’Amérique espagnole, 1856.djvu/58

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Il y a du goût, de la facilité dans les vers de M. San-Fuentes, mais nous trouvons encore ici le pastiche. L’originalité, en général, qu’on cherche en vain dans l’ensemble de ces poëmes, quelquefois on la trouve dans les détails. Çà et là, au milieu de pages qui rappellent tour à tour Childe-Harold, les Méditations ou les Orientales, s’élèvent des accents empreints d’une émotion pénétrante, où se révèle l’influence de la nature et des mœurs du nouveau monde. Cette influence, par exemple, ne se mêle-t-elle pas à une mélancolie passionnée dans la strophe charmante que nous allons citer, et dont l’auteur, malheureusement, nous est resté inconnu ?

« Tes désirs sont mes désirs, tes tristesses sont les miennes, nous sommes deux vagues de la même mer agitée, deux idées qui forment une pensée, deux plaintes d’une même douleur, deux échos d’une même voix[1]. »

À côté de ces imitateurs, on rencontre pourtant un vrai poëte. Nous pouvons citer enfin quelques strophes marquées d’un caractère original et de ce sentiment de confiance dans les destinées de la patrie qui, unanime au Chili, méritait de trouver un interprète. L’incendie d’une église de San-Iago a inspiré à M. Andres Bello un chant élégiaque où, après une


    Y tras esto por via de recreo
    Iba a dar en calesa su paseo…
    A las once el marqués se halla roncando.

  1. Tus gustos son mis gustos,
    Mios son tus pesares…
    Dos olas de los mares
    En tempestad feroz
    O dos ideas somos
    Que hacen un pensamiento,
    Dos quejas de un lamento,
    Dos ecos de una voz.