Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/199

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de l’archevêque Whateley : « Nous admirons surtout Shakespeare parce que, tout en nous donnant un plus grand nombre de portraits frappants que tous les autres dramatistes réunis ensemble, c’est à peine s’il nous a laissé une seule caricature. Shakespeare n’a ni égal ni second. Mais, parmi les écrivains qui sur ce point ont approché le plus de la manière du grand maître, nous n’avons aucune hésitation à placer Jane Austen, une femme dont l’Angleterre est justement fière [1]. » Il écrit dans son Journal : « J’ai encore relu de nouveau tous les romans de Miss Austen. Ils sont charmants. Il n’y a pas d’œuvres au monde qui approchent plus de la perfection. » À la fin de sa vie, il songe à recueillir des documents pour une biographie, qui servirait de préface à une nouvelle édition des œuvres de Jane Austen, et il veut employer les bénéfices de la publication à l’érection d’un monument dans l’église de Winchester. L’autorité dont jouit un moment Macaulay a dû encourager bien des écrivains à ouvrir ces livres oubliés ou peut-être ignorés, pour y puiser des leçons d’observation consciencieuse, de simplicité et de naturel.

À côté de lui un critique de moindre renommée, mais qui par de nombreux articles de revues contribua à épurer la littérature anglaise, G.-H. Lewes proclame « qu’il aimerait mieux avoir écrit Orgueil et Préventions que Waverley » ; et il conseille à tous les romanciers l’étude d’Emma, de Mansfield Park, de Persuasion.

Avec lui nous allons saisir des influences plus directes sur des écrivains déterminés. Nous lisons, en effet, dans une lettre que lui adresse Charlotte Brontë, en réponse à ses critiques amicales sur Jane Eyre : « Si jamais j’écris un autre livre, je crois que je n’y mettrai rien de ce que vous appelez mélodramatique. Je le crois, mais je n’en suis pas sûre. Je crois aussi que je vais m’efforcer

  1. Essai sur Mme d’Arblay.