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couture et le jardinage étaient en effet ses deux occupations préférées.

Mr. et Mrs. Austen s’étaient d’abord installés à Deane ; mais en 1771, ils vinrent habiter Steventon, dont le presbytère, plus spacieux, convenait mieux à une large famille. Ils augmentaient en prenant quelques pensionnaires les revenus des deux cures. Le Recteur pouvait ainsi tenir un certain rang, donner des réceptions aux meilleures familles du voisinage, et avoir un équipage, ce qui était indispensable, car les conventions ne permettaient pas aux dames de la société de s’aventurer sur les chemins ; ceux-ci étaient d’ailleurs en si mauvais état que deux robustes chevaux avaient beaucoup de peine à tirer de leurs ornières boueuses le moindre carrosse. Entre temps, les deux chevaux de Mr. Austen servaient à la culture. Il avait une sorte de petite ferme avec trois vaches, un troupeau de moutons, quelques porcs ; et l’aménagement de son bétail constituait sa distraction favorite.

L’intérieur du presbytère était ni plus ni moins confortable que les autres maisons de la classe aisée de cette époque : de grandes pièces avec de petites fenêtres, des plafonds sans corniches aux poutres apparentes et la plupart du temps simplement blanchies à la chaux, de hautes cheminées, peu de tapis, un mobilier aux lignes raides. Les Austen possédaient un piano, un luxe peu commun alors à la campagne. La bibliothèque devait être assez riche, car lorsque Mr. Austen quitta Steventon, il vendit pour dix-sept-cent-cinquante francs de livres, et ses filles et lui conservèrent certainement leurs ouvrages préférés.

Mrs. Austen avait donné à son mari six fils et deux filles. La famille était très unie ; père, mère, frères et sœurs vivaient en parfaite intelligence, appréciaient les plaisirs de la bonne société, savaient goûter les satisfactions d’une vie honnête et tranquille. La vie était gaie au presbytère ; on y faisait de la musique, on y chantait, on y dansait et l’on y riait beaucoup ; tout cela sans extravagance,