Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/40

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Mr. Leigh Perrot, le frère de Mrs. Austen, avait offert à sa sœur et à sa nièce de s’installer chez lui, pour procéder tranquillement à leur nouvelle installation. Ce n’est qu’après de longues recherches qu’elles trouvèrent, à Sydney Place, une petite maison ensoleillée, donnant sur de jolis jardins et convenant à la fois à leurs exigences et à leur bourse. Une plaque encastrée dans le mur rappelle aujourd’hui que Jane Austen a habité là. C’était l’un des endroits les plus animés et les mieux fréquentés de la ville ; dans le parc, en face d’eux, on donnait souvent des concerts et des feux d’artifices ; un parfait contraste avec la tranquillité de Steventon !

Le mobilier acheté et mis en place, Jane n’eut plus alors qu’à songer aux brillantes soirées des Rooms. Le premier bal la désappointa un peu ; elle fut toute déconcertée de voir au milieu de l’immense salle du casino de l’époque quatre pauvres couples de danseurs que contemplaient une centaine de personnes. Mais c’était la fin de la saison, et Jane devait retrouver un peu plus tard l’animation et la gaîté qui l’avaient séduite quelques années auparavant. L’autoritaire et beau Nash, le dictateur qui, en réglementant tyranniquement le cérémonial de ses bals et de ses fêtes, avait donné à Bath sa réputation d’aristocratie, était mort depuis plusieurs années. Mais l’étiquette qu’il avait établie continuait à régner, et Bath restait la plus fréquentée des villes où s’amuse la bonne société. Seize mille baigneurs, nombre énorme pour l’époque, y passaient chaque année, l’emplissant de gaîté et de mouvement. On y rencontrait les types les plus divers : de jeunes et de vieux beaux, des reines de l’aristocratie et du théâtre, des clergymen en retraite, des vieilles filles riches à la recherche d’un semblant d’émancipation tardive, d’anciens commerçants fortunés