Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/53

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ayant été soigné par le chirurgien du prince régent, le nom de Jane Austen arriva aux oreilles de Son Altesse royale. Le prince envoya Mr. Clarke, le bibliothécaire de Carlton House, porter ses félicitations à l’auteur d’Orgueil et Préventions et l’autorisation de lui dédier l’un de ses prochains livres. Jane proposa Emma qu’elle terminait.

Mr. Clarke, de sa propre initiative, ou sur les instructions du prince, crut devoir suggérer comme sujet d’un nouveau roman : « La vie, le caractère et les enthousiasmes d’un pasteur qui partage son temps entre la capitale et la campagne » [1]. La réponse de Jane nous montre sa modestie et la clairvoyance avec laquelle elle appréciait son propre talent :

« Je suis très honorée « écrit-elle », que vous me pensiez capable de peindre un tel pasteur, mais je vous assure que je ne le suis pas. Je serais peut-être à la hauteur des parties comiques des caractères, mais non des parties sérieuses, enthousiastes et littéraires. La conversation d’un tel homme doit porter sur les sciences et la philosophie, et je n’en connais rien ; tout au moins, à l’occasion, elle doit être bourrée de citations qu’une femme qui, comme moi, a peu pratiqué les auteurs de son pays, serait totalement incapable de fournir. En tout cas, une éducation classique, une connaissance approfondie de la littérature anglaise, ancienne et moderne, me semble tout à fait indispensable à la personne qui entreprendrait de donner une idée de votre pasteur ; et je crois que je peux me vanter, avec toute la sincérité possible, d’être la plus ignorante et la moins instruite des femmes qui aient jamais osé écrire [2]. »

La récusation est catégorique ; cependant, elle ne rebute pas le courtisan ; il tient à éclairer Jane de ses conseils,

  1. A memoir of Jane Austen, by J. E. Austen-Leigh.
  2. A memoir of Jane Austen, by J. E. Austen-Leigh.