un ou deux billets de mille francs peut être bien gênant certaines années, même quand on a plus de trois cent mille francs de rente ; son beau-père était trop raisonnable pour exiger un tel sacrifice, il a simplement voulu demander à son fils d’assister sa veuve de ses conseils, peut-être de l’aider à trouver une maison et à déménager. Elle convainct facilement son mari, et Mr. John Dashwood garde intégralement ses cent mille francs de rente supplémentaires ; mais il fera tout ce qui sera dans son pouvoir pour être utile à ses sœurs, pourvu que ce ne soit pas au détriment de leur pauvre petit Henry.
Sa femme s’installe immédiatement dans la maison du beau-père défunt, et, sans les renvoyer, fait comprendre à la veuve et à ses filles qu’elles doivent chercher une autre demeure. Elle désire d’autant plus les voir partir, que son frère aîné, Edward Ferrars, montre une sympathie inquiétante pour Elinor Dashwood ; et elle serait désolée de le voir faire un mariage si peu brillant.
Un parent de Mrs. Henry Dashwood, Sir John Middleton, lui propose un petit cottage sur son domaine ; Mr. John Dashwood n’a même pas la peine de chercher une résidence pour ses sœurs ni de les aider à déménager. Le cottage se trouve non loin de la maison de Sir John Middleton, qui aime avoir une nombreuse société autour de lui, et il invite souvent ses cousines. Marianne rencontre un jeune homme fort aimable, Willoughby ; il lui fait la cour et elle s’en amourache. Elinor s’inquiète : elles ne connaissent rien de Willoughby et elles ignorent ses intentions. Mais sa mère rit de ses alarmes ; l’amoureux de sa fille est charmant et ne peut avoir que d’honnêtes dessins ; il a une tante riche, sans enfants, et Sir John Middleton a donné des renseignements favorables. Interrogé sur la vie et le caractère du jeune homme, il a répondu : « Je ne suis pas très renseigné là-dessus ; mais c’est un gentil et bon