Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/89

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comme à une bonne amie, son engagement avec Edward. L’hypocrite a fort bien joué, Elinor redouble de réserve, et renonce à ses rêves.

Mrs. Jennings invite les deux sœurs Dashwood à passer quelques semaines dans sa maison de Londres. Marianne est ravie, elle va revoir Willoughby. Elle lui écrit qu’elle est à Londres, mais ses lettres restent sans réponse. Enfin elle le rencontre dans une soirée ; il feint de ne pas la reconnaître et ne s’occupe que de la riche héritière découverte et imposée par sa tante. Elinor ramène sa sœur désespérée, anéantie, chez la bonne Mrs. Jennings, qui s’empresse de faire servir son plus vieux malaga et ses meilleurs biscuits pour guérir la peine de cœur de sa jeune amie.

Cependant, Mrs John Dashwood a rencontré Miss Lucy Steele et sa sœur chez Lady Middleton ; elle a été séduite par leur amabilité obséquieuse, et elle les présente à sa mère, Mrs. Ferrars. Celle-ci, pour mieux accentuer sa froideur avec Elinor, cette petite fille sans dot dont son fils aîné semble entiché, se montre pleine d’amabilité envers Lucy et Anne Steele. Mrs. John Dashwood affiche un tel enthousiasme pour ses nouvelles amies, qu’Anne Steele pense lui faire grand plaisir en lui confiant le secret des fiançailles d’Edward et de Lucy. La pauvre femme, qui escomptait pour son frère un mariage avec la fille d’un lord, en a une attaque de nerfs. C’est en vain que Mrs. Ferrars a recours aux prières et aux menaces pour amener son fils à rompre avec Lucy ; Edward ne tient pas beaucoup à sa fiancée, mais il veut rester fidèle à sa parole. L’honorable Mr. Dashwood est tout indigné de voir son beau-frère dépourvu à ce point de tout sentiment du devoir, et il approuve fort sa belle-mère, qui, folle de rage, chasse Edward de sa maison, et donne immédiatement, par un acte en bonne forme, son domaine de Norfolk à son second fils Robert.

Elle s’est un peu trop hâtée. Maintenant qu’Edward