Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/12

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trait d’un sentiment de bien-être ineffable, et vous faisait rêver les vagues et pures félicités du ciel sur la terre. J’étais depuis quelques instants dans une véritable contemplation extatique, lorsque je crus m’apercevoir que ma présence et mes regards imposaient une espèce de gêne à toute la famille. Le petit garçon surtout, qui m’examinait avec une attention inquiète particulière aux enfants qui voient un étranger pour la première fois, était décontenancé, et semblait ne pas oser commencer les jeux auxquels il était habitué. Alors je rentrai sous la voûte, et me mis à aller de la porte au fond de la cour. En me retournant, je le vis gambader et folâtrer autour de la jeune fille, il cherchait par ses agaceries à l’exciter à courir après lui. Il y eut un moment où cédant à ses provocations enfantines, Pia s’élança à sa poursuite. Nino, c’est ainsi qu’on appelait le petit garçon, désireux de lui échapper, courait en jetant des cris étranges. Ce jeu durait depuis quelque temps, quand je vins me replacer sur le seuil. Nino, pris et repris, fit une dernière provocation ; mais cette fois, il courut si malheureusement qu’il trébucha et serait venu se briser le front contre le mur, si je n’avais été là pour le saisir et l’arrêter dans sa chute.