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I


Carlo Rinaldi était un jeune sculpteur d’un très grand talent ; une étroite amitié nous liait. J’allais souvent le visiter dans son atelier de la rue de l’Ouest à Paris. Après une assez longue séparation, je le revis à Florence, où une affaire de cœur, à ce qu’il me laissa entendre, l’avait ramené. C’était vers les premiers jours de l’hiver, et j’allais partir pour les États-Romains où je devais passer ce que nous appelons en France la mauvaise saison. Je le quittai en lui promettant que, à mon retour à Paris, ma première visite serait pour lui.

Fidèle à cette promesse, je me présentai le 1er mai à son atelier. Quand il me vit, il s’élança vers moi et m’embrassa avec une effusion de tendresse qui me toucha profondément. C’était la première fois qu’il me témoignait son affection d’une façon aussi vive. Bientôt il me questionna sur mon voyage, et prit un véritable plaisir à m’entendre parler avec enthousiasme de tout ce que j’avais vu de grand et de beau dans la capitale du monde chrétien.

— Ah ! me dit-il, avec une expression de profond regret, plus heureux que moi, qui suis pourtant italien, vous avez visité Rome !