Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

conduits par Nino : le cher enfant croyait sans doute que mon arrivée devait être une fête pour tout le monde. Les époux Falghieri semblèrent heureux de me revoir. On causa pendant une demi-heure, et je pus m’apercevoir plusieurs fois pendant la conversation que Pia avait comme de doux afflux de sang au visage. Elle souriait volontiers, et Nino, assis auprès d’elle, recevait de soudaines et brusques caresses dont il était loin de se plaindre, mais dont il avait l’air de chercher l’explication. Moi, je comprenais que tant de bonheur ne lui venait qu’en ricochet.

Les huit jours qui suivirent mon retour à Prato ne furent qu’une succession non interrompue de joies et d’enchantements. Pia était la première personne que je voyais chaque matin. Avec quel bonheur je constatais chaque fois une amélioration dans l’état de sa santé ! On aurait dit que la nuit, comme un génie bienfaisant, s’était plu à rendre à mon pauvre diamant terni une de ses brillantes facettes. C’était une régénération progressive, et j’assistais, plein d’émotion et de reconnaissance, à ce spectacle de la jeunesse reprenant ses forces, et de la beauté retrouvant une à une toutes ses splendeurs. Au bout d’une semaine, un véritable miracle s’était accompli. J’avais devant moi Pia redevenue belle, que dis-je ? plus belle cent fois qu’elle ne l’avait jamais été, car la certitude qu’elle avait d’être aimée donnait à tous ses traits un rayonnement céleste.