Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/49

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— Miss Margaret, lui dis-je tout ému, je ne sais ce que le ciel me réserve, car nous sommes souvent les tristes jouets de la destinée, mais soyez assurée que je ne vous oublierai jamais, et que vous ne pourrez avoir de meilleur ami que moi.

Je pris enfin congé de toute la famille et je partis.


VII


À peine arrivé à Prato, j’allai voir ma chère Pia. Elle éprouva une joie immense de mon retour, et me la témoigna. Moi, je me sentais, le plus heureux des hommes. Je ne pouvais me lasser d’admirer la resplendissante santé de ma bien-aimée qui donnait à sa beauté un caractère tout nouveau. Tout en elle indiquait la force, la joie, la confiance, et le bonheur de vivre. Je me plaisais à la comparer à une plante maladive, qui, tout à coup, transplantée dans une terre généreuse, y prend bientôt la vie, et étale à l’air et au soleil ses branches exubérantes de sève et de vie. Heureuse et fière de mon admiration presque extatique, elle me dit :

— C’est pourtant vous qui avez fait ce miracle ! Vous m’avez rendu la santé et la beauté ; je sais que j’ai tout cela maintenant. C’est depuis que vous m’aimez que je me suis sentie belle, et que j’ai plaisir à l’être. Puis, me regardant, toute rougissante d’une aimable pudeur, elle ajouta : Oh ! pardonnez-moi de vous parler ainsi !

— Me demander pardon, quand c’est moi