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Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/67

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tre, datée de trois mois après la dernière que j’avais reçue, et ne me disant rien du triste état de Pia dont on ne se doutait pas peut-être, ou qu’on voulait me cacher, me faisait entrevoir que ma présence lui serait fort agréable et pourrait bien lui procurer, une seconde fois, le salut et la guérison.

J’étais absent.

La lettre ne me parvint que quinze jours après. Je répondis aussitôt que je partais.

Quand je vous rencontrai à Florence, l’année dernière, je venais d’arriver, et vous devez vous en souvenir, j’étais encore plein de douces illusions. Quelques heures auparavant j’avais été à Fiesole pour y voir Peppina et concerter avec elle le meilleur moyen de revoir Pia, sans éclat et sans danger d’une trop grande émotion pour elle. Peppina était absente. Le lendemain, de bonne heure, j’entrais dans la maisonnette.

En me voyant la jeune fille me tendit tristement la main en me disant :

— Infelice Carlo, vous arrivez trop tard, notre ange s’est envolé !

Un torrent de larmes s’échappa de ses yeux.

— Au nom du ciel, lui dis-je, de qui parlez-vous ?

— Ne le comprenez-vous pas ? C’est Pia que je pleure.

— Pia est morte ?

— Oui, morte comme une sainte, comme un martyr. Hier, nous l’avons conduite à sa dernière demeure.