Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/27

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fui du Port-au-Prince et s’étoît rendu au Cap auprès de l’assemblée coloniale, avoit laissé au Port-au-Prince Jumécourt Montalembert, Chitry et quelques autres chefs du parti du gouvernement. Ceux-ci se voyant près de succomber, se mirent à la tête des hommes de couleur, et leur promirent au nom du gouvernement qu’ils feroient exécuter le décret du 15 mai, et ils se firent par ce moyen un rempart contre les independans qui les poursuivoient et les patriotes du Port-au-Prince dont le parti commerçoit à augmenter et à se prononcer  : mais, ces patriotes étoient encore loin d’adhérer au décret du 15 mai, et ne se doutant pas encore des projets de ces indépendans, ils se joignirent à eux pour faire une guerre ouverte aux hommes de couleur auprès desquels s’étoient retirés les chefs que j’ai nommés plus haut, et qui leur promettoient de faire exécuter le décret du 15 et d’y obéir eux-mêmes. On ne doit pas perdre de vue qu’il étoit d’autant plus facile d’égarer les citoyens de couleur, qu’ils n’avoient aucune correspondance qui pût les éclairer sur les motifs de ceux qui les entouroient, car, jusqu’alors les lettres que nous avions pu leur écrire avoient été interceptées  ; il étoit donc naturel que des hommes vexés, tyrannisés et sans aucun appui se jettassent dans le premier parti qui leur offroit