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d’hommes trop long-temps et trop injustement opprimée.

Ces blancs sans aveu, envoyés par les agens de ceux qui vouloient semer le désordre dans la colonie, se répandirent dans la ville ; ils disoient à tous les habitans que les hommes de couleur avoient formé le complot de les égorger, et de se rendre maîtres de la colonie ; qu’on ne devoit pas en douter, que des lettres venues de France annonçoient et prévenoient de ce complot. À cette nouvelle, on se porta en foule dans le lieu où étoit assemblé le comité ; on y faisoit la lecture de l’adresse des hommes de couleur, eux présens ; on les saisit, on menace de les pendre ; ils sont troublés, ils ne savent ce qu’on leur veut ni ce dont on les accuse ; on leur demande quel est l’auteur de l’adresse coupable qu’ils osent présenter ; ils répondent qu’elle ne peut rien contenir de contraire aux intérêts des blancs, puisque c’est un blanc qui l’a rédigée, et ils nomment M. Ferrand.

Aussitôt ces furieux s’emparent de cet infortuné juge, le traîne hors du comité, et lui coupent la tête, qu’ils promènent ensuite dans la ville, au bout d’une pique, et ils menacent d’un pareil sort tout blanc qui oseroit parler en faveur des hommes de couleur.

Après avoir bien maltraité les cinq hommes de