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Si l’on compare cette manière de réclamer contre le despotisme le plus cruel, au fracas avec lequel les François ont fait tomber la Bastille, on sera forcé de convenir que les hommes de couleur ont été bien prudent dans la manière dont ils se sont conduits ; car s’ils eussent écouté un premier mouvement, bien naturel dans leur position, ç’en étoit fait des colonies.

Tels ont été les premiers troubles des colonies, causés par les soupçons donnés dans la lettre des députés des colonies, en date du 12 août 1789, contre des hommes qui méritoient d’autant moins cette injustice, que depuis l’origine de la colonie ils n’avoient cessé de donner des preuves de leur attachement à la patrie ; et ce n’étoit que parce que leurs sentimens étoient bien connus, qu’on a senti qu’ils ne se prêteroient jamais à trahir la mère-patrie, qu’on les a poursuivi avec tant d’acharnement.

Je vais parler maintenant de ce qui se passoit en France à l’égard des députés des hommes de couleur ; car tout est lié dans cette affaire.

Mais auparavant, il est nécessaire que je raconte une anecdote qui ne laissera pas que de jetter quelque jour sur les troubles des colonies, et sur l’objet de la lettre du 12 août, écrite par les députés à leurs commettans.