Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/133

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je ne puis donc t’emmener, de cette ville dans les forêts. Ton époux vit ; par conséquent, tu ne peux me suivre avec décence. En effet, qu’il ait une grande âme, ou qu’il ait un esprit méchant, la route qu’une femme doit tenir, c’est toujours son époux. À combien plus forte raison, quand cet époux est un monarque magnanime, reine, et bien-aimé de toi ! Sans aucun doute, Bharata lui-même, la justice en personne, modeste, aimant son père, deviendra légalement ton fils, comme je suis le tien naturellement. Tu obtiendras même de Bharata une vénération supérieure à celle dont tu jouis auprès de moi. En effet, je n’ai jamais eu à souffrir de lui rien qui ne fût pas d’un sentiment élevé. Moi sorti une fois de ces lieux, il te sied d’agir en telle sorte que les regrets donnés à l’exil de son fils ne consument pas mon père d’une trop vive douleur.

« Tu ne dois pas m’accorder, à moi dans la fleur nouvelle éclose de la vie, un intérêt égal à celui que réclame un époux courbé sous le poids de la vieillesse et tourmenté de chagrins à cause de mon absence.

« Veuille donc bien rester dans ta maison et trouver là continuellement ta joie dans l’obéissance à ton époux ; car c’est le devoir éternel des épouses vertueuses. Pleine de zèle pour le culte des Immortels, faisant ton plaisir de vaquer aux devoirs qui siéent à la maîtresse de maison, tu dois servir ici ton époux, en modelant ton âme sur la sienne. Honorant les brahmes, versés dans la science des Védas, reste ici, pieuse épouse, dans la compagnie de ton époux et l’espérance de mon retour. Oui ! c’est dans la compagnie de ton époux que tu dois me revoir à mon retour dans ces lieux, si toutefois mon père, séparé de moi, peut supporter la vie. »