Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/141

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pleurs inondaient le visage ; ces inconvénients, que tu viens d’énumérer, mon dévouement pour toi, cher et noble époux, les montre à mes yeux comme autant d’avantages. Le dieu Çatakratou lui-même n’est pas capable de m’enlever, défendue par ton bras : combien moins le pourraient tous ces animaux qui errent dans les forêts ! Je n’ai aucune peur naturellement des lions, des tigres, des sangliers, ni des autres bêtes, dont tu m’as peint l’abord si redoutable au milieu des bois. Combien moins puis-je en redouter les dents ou le venin, si la force de ton bras étend sur moi sa défense ! Mourir là d’ailleurs vaut mieux pour moi que vivre ici !

« Jadis, fils de Raghou, cette prédiction me fut donnée par des brahmes versés dans la connaissance des signes : « Ton sort, m’ont dit ces hommes véridiques, ton sort, jeune Sîtâ, est d’habiter quelque jour une forêt déserte. » Et moi, depuis ce temps où les devins m’ont tiré cet horoscope, j’ai senti continuellement s’agiter dans mon cœur un vif désir de passer ma vie au milieu des bois.

« Voici le moment arrivé ; donne à la parole des brahmes toute sa vérité.

« Emmène-moi, fils de Raghou ! car j’ai un désir bien grand d’habiter les forêts avec toi : je t’en supplie, courbant la tête ! Dans un instant, s’il te plaît, tu vas me voir déjà prête, noble Raghouide, à partir. Ce pieux voyage à tes côtés dans les bois est mon brûlant désir.

« Je suis déterminée à te suivre ; mais, si tu refuses que j’accompagne ta marche, je le dis en vérité, et tes pieds, que je touche, m’en seront témoins, j’aurai bientôt cessé d’être, n’en doute pas ! »

À ces mots, prononcés d’un accent mélodieux, la belle Mithilienne au doux parler, triste, navrée de sa douleur,