Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/143

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brahmes vertueux et à tous ceux qui ont trouvé un refuge dans notre assistance. Ensuite, quand tu auras dit adieu aux personnes à qui sont dus tes hommages, viens avec moi, charmante fille du roi Djanaka ! »

Joyeuse et au comble de ses vœux, l’illustre dame, obéissant à l’ordre qu’elle avait reçu de son héroïque époux, se mit à distribuer aux plus sages des brahmes les vêtements superbes, les magnifiques parures et toutes les richesses.

Quand le beau Raghouide eut ainsi parlé à Sîtâ, il tourna ses yeux vers Lakshmana, modestement incliné, et, lui adressant la parole, il tint ce langage :«  Tu es mon frère, mon compagnon et mon ami ; je t’aime autant que ma vie : fais donc par amitié ce que je vais te dire. Tu ne dois en aucune manière venir avec moi dans les bois : en effet, guerrier sans reproche, il te faut porter ici un pesant fardeau. »

Il dit ; à ces mots, qu’il écouta d’une âme consternée et le visage noyé dans ses larmes, Lakshmana ne put contenir sa douleur. Mais il tomba à genoux, et, tenant les pieds de son frère serrés fortement avec les pieds de Sîtâ :«  Il n’y a qu’un instant, dit à Râma cet homme plein de sens, ta grandeur m’a permis de la suivre au milieu des bois, pour quelle raison me le défend-elle maintenant ? »

Râma dit ensuite à Lakshmana, qui se tenait devant lui prosterné, la tête inclinée, tremblant et les mains jointes :«  Si tu quittes ces lieux pour venir avec moi dans les forêts, Lakshmana, qui soutiendra nos mères, Kâauçalyâ et Soumitrâ, cette illustre femme ? Ce monarque des hommes, qui versait à pleines mains ses grâces sur nos deux mères, ne les verra sans doute plus avec les mêmes