quand ces habitants de la grande cité, s’étant réveillés à la fin de la nuit, virent les traces qui annonçaient le retour du char à la ville : « Le fils du roi, pensèrent-ils, a repris le chemin d’Ayodhyâ ; » et, cette observation faite, ils s’en revinrent eux-mêmes à la ville.
Ensuite, le héros né de Raghou vit la Gangâ, nommée aussi la Bhâgîrathî, appelée encore la Tripathagâ, ce fleuve céleste, très-pur, aux ondes froides, non embarrassées de vallisnéries, dont les flots nourrissent les marsouins, les crocodiles, les dauphins, dont les rives, hantées par les éléphants, sont peuplées de cygnes et de grues indiennes ; la Gangâ, qui doit sa naissance au mont Himâlaya, dont les abords sont habités par des saints, dont les eaux purifient tout ce qu’elles touchent et qui est comme l’échelle par où l’on atteint de la terre aux portes du ciel.
Râma, l’homme au grand char de guerre, ayant promené ses regards sur les ondes aux vagues tourbillonnantes, dit à Soumantra : « Faisons halte ici aujourd’hui. En effet, voici, pour nous abriter, non loin du fleuve, un arbre ingoudi très-haut, tout couvert de fleurs et de jeunes pousses : demeurons cette nuit ici même, conducteur ! » « Bien ! » lui répondent Lakshmana et Soumantra, qui aussitôt fait avancer les chevaux près de l’arbre ingoudi. Alors ce digne rejeton d’Ikshwâkou, Râma, s’étant approché de cet arbre délicieux, descendit du char avec son épouse et son frère. Dans ce moment Soumantra, qui avait mis pied à terre lui-même et dételé ses excellents coursiers, joignit ses mains et s’avança vers le noble Raghouide, arrivé déjà au pied de l’arbre.
« Ici habite un ami bien-aimé de Râma, lui dit-il, un