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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/176

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fixant les yeux sur un seul point et plongés dans leurs sombres pensées, oubliaient d’errer çà et là sous les ombrages : toute la forêt, comme en deuil par les chagrins du magnanime, était sans gazouillement.

« Dans la ville, dans le royaume, entre les habitants de la cité, parmi ceux des campagnes, je ne vois pas un être, ô mon roi, qui ne s’afflige pour ton fils !

« Cette ville sans joie, sans travail, sans prières ni sacrifices, cette ville, résonnante d’un bruit larmoyant et qui n’a plus d’autre son que des sanglots ou des gémissements ; ta cité, avec ses hommes tristes, malades, consternés, avec les arbres fanés de ses jardins, elle est sans aucun resplendissement depuis l’exil de Râma ! »

Après qu’il eut écouté ces paroles touchantes et d’autres encore de Soumantra, le monarque, saisi par une subite défaillance de son esprit, tomba de son trône une seconde fois, semblable à un corps d’où s’est retiré le souffle de la vie. — Mais, tandis que le prince gémissait ainsi d’une façon touchante, et que, tombé de nouveau, il gisait hors de lui-même sur la terre, la mère de Râma se plaignait sur un ton plus déplorable encore, tout affaissée sous un poids beaucoup plus lourd de chagrin et d’excessive douleur.


Aussitôt que Râma, le tigre des hommes, fut parti avec Lakshmana pour les forêts, Daçaratha, ce roi si fortuné naguère, tomba dans une grande infortune. Depuis l’exil de ses deux fils, ce monarque semblable à Indra fut saisi par le malheur, comme l’obscurité enveloppe le soleil au sein des cieux, à l’heure que vient une éclipse. Le sixième jour qu’il pleurait ainsi Râma, ce monarque fameux, étant réveillé au milieu de la nuit,