Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/181

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souffle, qui s’échappait en douloureux sanglots, se convulsa un instant, roula hideusement ses yeux et rendit son dernier soupir.

« Quand le fils du grand saint eut quitté la vie, faisant crouler d’une chute rapide et ma gloire et moi-même, je restai l’âme entièrement consternée, car on ne pouvait douter que je ne fusse tombé dans une calamité sans rivage.

« Après que j’eus retiré au jeune homme la flèche brûlante et semblable au poison d’un serpent, je pris sa cruche et me dirigeai vers l’ermitage de son père. Là, je vis ses deux parents, vieillards infortunés, aveugles, n’ayant personne qui les servît et pareils à deux oiseaux, les ailes coupées. Assis, désirant leur fils, ces deux vieillards affligés s’entretenaient de lui : eux, que j’avais frappés dans leur enfant, ils aspiraient au bonheur que ferait naître en eux sa présence ! Tel je vis ce couple inquiet de pénitents se tenir dans son ermitage, quand je m’approchai d’eux, l’âme bourrelée du crime si grand que j’avais commis par ignorance.

« Mais ensuite, comme il entendit le bruit de mon pas, l’anachorète m’adressa la parole : « Pourquoi as-tu donc tardé si longtemps, mon fils ? Apporte-moi l’eau promptement ! Yadjnyadatta, mon ami, tu t’es bien attardé à jouer dans l’eau : ta bonne mère et moi aussi, mon fils, nous étions affligés d’une si longue absence. Si j’ai fait, ou même ta mère, une chose qui te déplaise, pardonne et ne sois plus désormais si longtemps, en quelque lieu que tu ailles. Tu es le pied de moi, qui ne peux marcher ; tu es l’œil de moi, qui ne peux voir ; c’est en toi que repose toute ma vie… Pourquoi ne me parles-tu pas ? »

« À ces mots, m’étant approché doucement de ce vieil-