Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/192

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de serrer son fils étroitement dans ses bras, et, le faisant asseoir à son côté, de lui adresser les questions suivantes :

« Combien as-tu compté de jours, mon fils, pour venir jusqu’ici de la ville où règne ton grand-père ? As-tu fait un heureux voyage ? Es-tu même venu sans fatigue ? Ton aïeul est-il bien portant, ainsi que mon frère Youdhadjit, ton oncle ? Mon fils, ton séjour dans la famille de ton aïeul a-t-il eu pour toi beaucoup de charme ? » À ces questions de Kêkéyî, Bharata, dans la tristesse de son âme, conta rapidement à sa mère toute la suite de son voyage et de son retour.

« Il y a aujourd’hui sept jours que je suis parti de Girivradja ; le père de ma bonne mère se porte bien avec mon oncle Youdhadjit. Mon aïeul m’a donné de grandes richesses, magnifique présent de son amitié ; mais la fatigue de mes équipages m’a forcé de laisser tout dans ma route, tant je suis venu rapidement, plein de hâte, stimulé par les messagers envoyés du roi, mon père ! Mais daigne maintenant répondre aux demandes que je désire t’adresser.

« Pourquoi ne voit-on pas, comme à l’ordinaire, cette ville couverte de citadins joyeux, mais pleine d’un peuple abattu, sans travail, sans gaieté, dépouillé entièrement de ses parures et muet partout de ce murmure qui accompagne la récitation des Védas ? Pourquoi dans la rue royale ce peuple aujourd’hui ne m’a-t-il pas dit un seul mot ? Pourquoi n’ai-je pas vu mon père dans son palais ? Est-ce que Sa Majesté serait allée dans l’habitation de Kâauçalyâ, ma bonne mère ? »

À ces mots de Bharata, Kêkéyî répondit, sans rougir, avec ce langage horrible, mais où quelque douceur infu-