Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour laquelle mon père a banni de sa présence un fils plus cher à ses yeux que la vie même ! »

Ensuite de ces paroles entendues, Kêkéyî, racontant son action et s’en glorifiant même avec une légèreté de femme, répondit à Bharata : « Il n’a point enlevé le bien des brahmes ; il n’a maltraité qui que ce soit.

« Il a mérité l’amour du monde entier par son dévouement à son devoir : aussi le roi désirait-il sacrer son fils aîné comme associé à sa couronne.

« Mais, aussitôt parvenue à moi cette nouvelle que le monarque avait conçu une telle pensée, je conjurai l’auguste souverain d’abandonner ce dessein et de reporter sur ta noble tête l’onction royale qu’il destinait à Râma. J’ai demandé au roi l’exil de Râma dans les forêts pendant neuf ans ajoutés à cinq années, et ton père a banni Râma hors de la ville.

« Ainsi donc, saisis-toi du royaume ; fais produire son fruit à ma peine ; remplis, terrible immolateur de tes ennemis, remplis de joie le cœur de tes amis et le mien ! Va, mon fils, va trouver bien vite les brahmes et Vaçishtha, leur chef ; puis, quand tu auras acquitté les honneurs funèbres que tu dois à ton père, fais-toi sacrer aussitôt, suivant les rites, comme souverain de cet empire, qui t’appartient ! »

Ayant donc ouï dire à sa mère que son père était mort et ses deux frères bannis, lui, consumé par le feu de sa douleur, il répondit à Kêkéyî dans les termes suivants : « Femme en butte maintenant au blâme et criminelle en tes pensées, tu es abandonnée par la vertu, Kêkéyî, pour avoir enlevé son diadème à Râma, qui ne fit jamais de mal à personne.

« Pourquoi, si tu veux, grâce à ton désir impatient du