Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/197

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fermeté, rejette le chagrin de ton cœur, et veuille bien célébrer sans délai, d’une âme rassise, les obsèques de ton père. Oui ! il a fini comme un être sans appui, ce vigoureux appui du monde, ton père, juste comme la justice elle-même. Alors, nous avons agité cette question : « N’y aurait-il pas un moyen de procéder aux funérailles sans Bharata ? » et nous avons déposé le corps du feu roi, ton père, dans un vaisseau d’huile exprimée du sésame. Veuille donc, ô mon ami, célébrer ses royales obsèques.

« Remets la force dans ton âme, Bharata, et ne sois pas un esprit faible. La mort est forte : on ne peut la vaincre, fils de Kakoustha ; nous tous bientôt nous ne serons plus : cette grande affliction ne te sied donc pas ! »

À ces paroles de l’anachorète, Bharata, le plus éminent des hommes intelligents, jeta les yeux sur Vaçishtha, et, plus affligé encore, lui répondit en ces termes : « Quand ta sainteté me parle ainsi, pieux ermite, je sens mon âme se déchirer en quelque sorte. L’empereur du monde, Râma vit, quel empire ai-je donc ici ? Mais conduisez-moi où est le roi mon père : c’est mon désir assurément de célébrer là ses funérailles, aidé par vous ; si toutefois il est possible que mon cœur n’éclate point à cet heure en mille fragments ! Que vos éminences me fassent donc voir mon père, hélas ! privé de la vie. »

Entré dans le palais de Kâauçalyâ avec les veuves du roi, Bharata vit alors son père inanimé chez la mère de Râma. À la vue de son père gisant ainsi la vie éteinte et la splendeur effacée, il jeta ce cri : « Hélas ! mon roi ! » et tomba sur la face de la terre. On eût dit un homme, de qui l’âme s’est échappée.

Mais, quand il a recouvré la connaissance, il tourne