Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/200

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qu’elle est séparée de lui, comme un navire sans gouvernail erre, jouet du vent et des flots. »

Après qu’on eut écarté le peuple et que l’astre auteur du jour fut monté sur l’horizon, Vaçishtha de parler ainsi à Bharata, comme à tous les ministres : « Tu vois rassemblés devant toi et chargés des choses nécessaires aux funérailles du roi tous les notables de la ville et tes sujets du plus haut rang.

« Lève-toi promptement, Bharata ! Qu’il n’y ait ici, mon seigneur, aucune perte du temps !

« Dépose le roi des hommes dans cette bière, que tu vois là ; enlève sur tes épaules ton père couché dans le cercueil ; puis, emmène-le promptement hors de ces lieux. »

Ensuite Bharata, surmontant la violence intolérable de sa douleur, contempla de tous les côtés ce corps du maître de la terre. Mais alors il ne put dompter la fougue de son désespoir, soulevé comme la fureur de l’onde qui bondit au sein du vaste Océan.

Quand il eut déposé le grand roi dans le cercueil, il para le corps et jeta sur lui une robe précieuse, dont il couvrit l’auguste défunt tout entier. Il étala ensuite une guirlande de fleurs sur les restes de son père, qu’il parfuma avec les émanations d’un encens divin ; puis il répandit à pleines mains autour d’eux par tous les côtés des fleurs odorantes d’une senteur exquise. Il souleva le cercueil, assisté par Çatroughna, et le porta désolé, tout en larmes et répétant à chaque pas : « Où es-tu, mon roi ! Il s’en ira donc en cendres vaines ! » Au milieu de ses pleurs et sur un signe de Vaçishtha, les serviteurs obéissants prirent le cercueil, qu’ils emportèrent aussitôt d’un pied moins hésitant.