lacs, de tîrthas, d’étangs aux limpides ondes et qui brillent semblables à des fleurs de lotus. Fais halte là, prince auguste ; ensuite, que ta route se fléchisse vers l’ermitage de Bharadwâdja, situé au levant de cette forêt, à la distance d’un kroça.
À Gouha, qui tenait ce langage : « Qu’il en soit ainsi ! » répondit avec modestie Bharata, et, l’embrassant, il ajouta ces dernières paroles aux premières : « Va, mon gracieux ami ; retourne chez toi avec tous tes parents : tu m’as fait un bon accueil, tu m’as noblement accompagné, et tes vertus ont gagné toute mon affection. Tu as dignement honoré dans ma personne ton amitié pour mon frère, le sage Râma ; et tu m’as prouvé de toutes les manières ton dévouement, ta bienveillance et ton amour. »
D’aussi loin qu’il aperçut l’ermitage de Bharadwâdja, l’auguste prince fit commander la halte de toute son armée et s’avança, accompagné des ministres. Instruit des bienséances, il marchait à pied derrière le grand-prêtre du palais, sans armes, sans escorte et vêtu d’un double habit de lin. Après une marche qui ne fut pas très-longue, sa vue ne laissa rien échapper de cet ermitage, orné d’un autel pour le sacrifice au milieu d’une enceinte circulaire ; solitude soigneusement nettoyée, resplendissante de la beauté des forêts, embellie par un bosquet de bananiers, toute pleine de gazelles et de reptiles innocents, close enfin d’une jolie porte basse, qui semblait en ce moment la porte ouverte du paradis même.
Arrivé sur le seuil de cet ermitage, à la suite du grand-prêtre, Bharata vit l’anachorète ceint d’une majesté suprême et dans le nimbe d’une splendeur flamboyante. À l’aspect du saint, le digne fils de Raghou suspend d’abord la marche des ministres ; puis il entre seul