Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/223

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« S’il me faut habiter ici plus d’un automne avec toi, femme charmante, et Lakshmana, le chagrin n’y pourra tuer mon âme ; car, en cet admirable plateau si enchanteur, si couvert de l’infinie variété des oiseaux, si riche de toute la diversité des fruits et des fleurs, mes désirs, noble dame, sont pleinement satisfaits.

« Je dois à mon habitation dans ces forêts de savourer deux beaux fruits : d’abord, le payement de la dette que le devoir exigeait de mon père ; ensuite, une satisfaction donnée aux vœux de Bharata. »

Ensuite, le roi du Koçala conduisit la fille du roi des Vidéhains en avant de la montagne et lui fit admirer la Mandâkinî, rivière délicieuse aux limpides ondes. L’anachorète aux yeux de lotus, Râma, dit alors à cette princesse d’une taille charmante, au visage beau comme la lune : « Regarde la Mandâkinî, cette rivière suave, peuplée de grues et de cygnes, voilée de lotus rouges et de nymphéas bleus, ombragée sous des arbres de mille espèces, soit à fleurs, soit à fruits, enfants de ses rivages, parsemée d’admirables îles et resplendissante de toutes parts comme l’étang de Kouvéra, pépinière de nélumbos célestes. Je sens la joie naître dans mon cœur à la vue de ces beaux tîrthas, dont les eaux sont troublées sous nos yeux par ces troupeaux de gazelles qui viennent se désaltérer les uns à la suite des autres. C’est aussi l’heure où ces rishis, qui sont arrivés à la perfection, qui ont pour habit la peau d’antilope et le valkala, qui sont vêtus d’écorce et coiffés en djatâ, viennent se plonger dans la sainte rivière Mandâkinî.

« Viens te baigner avec moi dans ses ondes agitées sans cesse par des anachorètes vainqueurs de leurs sens, riches de pénitences et resplendissants comme le feu du