Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/225

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Sans doute, c’est pour l’agrément des créatures que cet arbre étend là son parasol fleuri. » À ces mots de son épouse, il s’assit avec elle sur le siége de pierre et tint ce discours à la belle aux grands yeux :

« Vois-tu ces arbres déchirés par la défense des éléphants, comme ils pleurent avec des larmes de résine !… De tous côtés, les grillons murmurent une élégie en leurs chants prolongés. Écoute cet oiseau, à qui l’amour de ses petits fait dire : « Fils ! fils !…. fils ! fils ! » comme autrefois le disait ma mère d’une voix douce et plaintive. Voici un autre habitant de l’air, c’est l’oiseau-mouche : perché sur les épaules branchues d’un vigoureux shorée, il fait comme une partie dans un concert alternatif et répond aux chants du kokila. Voici une liane, courbée sous le faix de ses fleurs et qui cherche son appui sur un arbre fleuri, comme toi, reine, quand fatiguée tu viens appuyer sur moi tout le poids de ta jeune personne. »

À ces mots, la noble Mithilienne au doux parler, assise sur les genoux de son époux, se roula sur la poitrine du héros, et, belle comme une fille des Dieux, elle enivra de caresses le cœur de Râma.

Alors celui-ci frotta son doigt mouillé sur une roche d’arsenic rouge et dessina un brillant tilaka au front de son épouse. Ainsi, le front enluminé avec ce métal de la montagne, semblable en couleur au soleil dans son enfance du jour, Sîtâ parut comme la nuit azurée, quand elle s’empourpre au matin.

Voilà qu’en se promenant avec lui dans cette forêt toute remplie d’antilopes, Sîtâ vit un grand singe, berger sauvage d’un troupeau de singes, et, saisie de frayeur, elle se serra palpitante contre son époux. Celui-ci enveloppa cette femme charmante dans une étreinte de ses