Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tourne sa face au nord, et fixant là son regard attentif, il voit une grande armée toute pleine de chevaux, d’éléphants, de chars, et dont les flancs étaient protégés par une infanterie vigilante. Le tigre des hommes, Lakshmana, qui terrasse les héros ennemis, revint dire à son frère : « C’est une armée en marche ! » Puis, il ajouta ces paroles : « Donne trêve au plaisir, noble fils de Raghou ; fais entrer Sîtâ dans une caverne ; attache la corde à deux solides arcs et couvre-toi de la cuirasse. »

Quand Râma eut appris que c’était une armée toute pleine de chevaux, d’éléphants et de chars : « À qui penses-tu que soit cette armée ? » demanda-t-il au fils de Soumitrâ. Est-ce un monarque ou le fils d’un roi, qui vient chasser dans cette forêt ? Ou, si quelque autre chose, Lakshmana, te semble être la vérité, dis-le-moi. »

À ces mots, Lakshmana, flamboyant dans sa colère comme un feu impatient de brûler tout, répondit à Râma ces paroles : « Assurément, c’est ton rival, c’est le fils de Kêkéyî, ce Bharata, qui s’est déjà fait sacrer et qui vient nous immoler à la fureur de son ambition. Je vois briller sur les épaules de cet éléphant un arbre au tronc énorme, à l’immense ramure : on dirait un ébénier des montagnes, le drapeau de Bharata ! Ces coursiers bien dressés, qui vont au gré du cavalier, sont de rapides chevaux, nés dans le Vânâyou ; ces guerriers ont pris tous l’arc au poing : ainsi, prépare-toi, homme sans péché ! Ou bien cours te cacher toi-même avec ton épouse dans une caverne de la montagne ; car le drapeau de l’ébénier vient nous livrer bataille et nous tuer. »

« Mais je ne vois pas qu’il y ait du crime à tuer Bharata : lui mort, toi, dès ce jour, donne tes lois à la terre ! Qu’aujourd’hui l’ambitieuse Kêkéyî contemple, bourrelée