Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/233

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suivant partout de ses regrets, altéré de ta vue, ne pouvant séparer de ta pensée son âme toujours attachée à toi, abandonné par toi et consumé par le chagrin de ton exil, c’est à cause de toi que ton père est descendu au tombeau ! »

À ces mots du magnanime Bharata, auquel Râma adressait tout à l’heure ses questions, le rejeton bien-aimé de Raghou, qui désirait accomplir la parole donnée par son père, demeura plongé dans le silence.

« Daigne m’accorder, continua son frère, cette grâce à moi, qui suis ton serviteur : fais-toi sacrer dans ce trône de tes pères, comme Indra le fut sur le trône du ciel ! Tous les sujets que tu vois, et mes nobles mères, les veuves du feu roi, sont venues chercher ici ta présence : accorde-leur aussi la même faveur.

« Permets que le droit t’élève aujourd’hui sur un trône qui t’appartient par l’hérédité et qui t’est confirmé par l’amour : mets ainsi, ô toi, qui donnes l’honneur, tes amis au comble même de leurs vœux. »

À ces mots prononcés avec des larmes, le fils de Kêkéyî, ce Bharata aux bras puissants, toucha de sa tête les pieds de Râma. Celui-ci alors d’embrasser le prince dans la douleur et de tenir ce langage à son frère, poussant maint et maint soupir : « Quel homme, né d’une race ayant de l’âme, possédant de l’énergie, ayant toujours marché fidèle à ses vœux, quel homme de ma condition voudrait au prix d’un royaume s’abaisser jusqu’à pécher ? Quand mon père et cette mère, distingués par tant de vertus, m’ont dit : « Va dans les forêts ! » comment pourrais-je, fils de Raghou, agir d’une autre manière ? Ton lot est de ceindre à ton front dans Ayodhyâ ce diadème honoré dans l’univers ; le mien est d’habiter