Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/239

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même. Sacré par nous, comme Indra par les Maroutes, quand il eut conquis rapidement les mondes, va dans Ayodhyâ exercer l’empire. Va et règne là sur nous, prince vertueux, acquittant les trois saintes dettes, écrasant tes ennemis et rassasiant tes amis de toutes les choses désirées. Qu’aujourd’hui tes amis déposent dans ton sacre le faix de leur pénible tristesse ! Qu’aujourd’hui, frappés d’épouvante, tes ennemis s’enfuient çà et là par les dix plages du ciel. Essuie mes larmes, taureau des hommes ; essuie les pleurs de ta mère et délivre aujourd’hui ton père des liens de son péché !

« Les grands sages n’ont-ils pas dit que le premier devoir, c’est pour un kshatrya la consécration, le sacrifice et la défense du peuple ? Je t’en supplie, ma tête inclinée jusqu’à terre, étends sur moi, étends sur nos parents ta compassion, comme Çiva répand la sienne sur toutes les créatures. Mais si, tournant le dos à mes prières, ta grandeur s’en va dans les forêts, j’irai moi-même dans les bois avec ta grandeur ! »

Les prêtres, les poëtes, les bardes, les panégyristes officiels, les mères d’une voix affaiblie par des larmes, elles, qui aimaient le fils de Kâauçalyâ d’une égale tendresse, applaudirent à ce discours de Bharata, et, prosternés devant Râma, tous, ils suppliaient avec lui ce noble anachorète.

Quand Bharata eut cessé de lui parler ainsi, Râma, continuant à marcher d’un pied ferme sur le chemin du devoir, lui répondit ce discours plein de vigueur au milieu de l’assemblée : « L’homme ici-bas n’est pas libre dans ses actes ni maître de lui-même ; c’est le Destin, qui le traîne à son gré çà et là dans le cercle de la vie. L’éparpillement est la fin des amas, l’écroulement est la