Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/244

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ou l’ennemi ; tel il faut qu’après un mûr examen tout monarque soit le même pour celui qu’il aime ou celui qu’il n’aime pas. De même que nous voyons partout Varouna lier ce globe avec la chaîne des eaux, de même le devoir appelé neptunien d’un roi, c’est d’enchaîner les brigands et les voleurs en tous lieux.

« Tel que l’aspect de la lune brillant à disque plein verse la joie dans les cœurs ; ainsi, tous les sujets doivent se réjouir en lui, et c’est l’obligation royale nommée lunaire. Comme la terre sans relâche porte également tous les êtres, tel c’est pour un monarque le devoir appelé terrané de soutenir, sans manquer même au dernier, tous les sujets de son empire.

« Qu’il soit le premier à se ressouvenir des affaires, et qu’après une sage délibération avec ses ministres, ses amis, ses conseillers judicieux, il fasse exécuter les décisions. On verra la splendeur abandonner l’astre des nuits, le mont Himâlaya voyager sur la terre, l’Océan franchir ses rivages, mais non Râma déserter la promesse qu’il fit à son père. Tu dois effacer de ton esprit ce que ta mère a fait, soit par amour, soit par ambition, et te comporter vis-à-vis d’elle comme un fils devant sa mère. »

À ce langage de Râma, égal en splendeur au soleil et d’un aspect tel que la lune au premier jour de sa pléoménie, Bharata de répondre ces mots : « Qu’il en soit ainsi ! » Ensuite, affligé de n’avoir pu obtenir ce qu’il désirait, ce magnanime joignit de nouveau ses mains, toucha de sa tête les pieds de Râma, et, le gosier plein de sanglots, il tomba sur la terre.

Aussitôt qu’il vit Bharata venir lui toucher les pieds avec sa tête, Râma se recula vite, les yeux un peu troublés