Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/257

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seule nourriture, soutint dix mille années une pénitence douloureuse. Effrayés d’une telle énergie, tous les dieux, Indra même à leur tête, de s’écrier : « Cet anachorète a l’ambition de nous enlever notre place ! » Cinq Apsaras du plus haut rang et parées d’une toilette céleste furent donc envoyées par tous les dieux, avec l’ordre même de jeter un obstacle devant sa pénitence. Arrivées dans ces lieux, aussitôt ces beautés folâtres, nymphes à la taille gracieuse, de s’ébattre et de chanter pour tenter l’anachorète enchaîné au vœu de sa cruelle pénitence.

« La suite de cette aventure, c’est que, pour assurer le trône des Immortels, ces Apsaras firent tomber sous le pouvoir de l’amour ce grand ascète, de qui le regard embrassait le passé et l’avenir du monde. Les cinq Apsaras furent élevées à l’honneur d’être ses épouses et l’ermite créa pour elles dans ce lac un palais invisible. Les cinq belles nymphes demeurent ici autant qu’elles veulent, et, fières de leur jeunesse, elles délassent l’anachorète des travaux de sa pénitence. Ce grand bruit, que vous entendez là, ce sont les jeux de ces bayadères célestes ; ce sont leurs chansons ravissantes à l’oreille, qui se marient au son cadencé des noûpouras et des bracelets. »

À ces paroles de l’anachorète contemplateur : « Voilà une chose admirable ! » s’écria le Daçarathide à la force puissante et son frère avec lui.

Tandis que le solitaire contait sa légende, Râma vit un enclos circulaire d’ermitages, sur lequel étaient jetés des habits d’écorce et des gerbes de kouças. Il entre, accompagné de son frère et de Sîtâ dans cette enceinte couverte de lianes et d’arbres variés, où tous les anachorètes s’empressent de lui offrir les honneurs de l’hospitalité.