Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/270

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À la vue de sa sœur étendue à terre, inondée par le sang, le nez et les oreilles coupés, Khara le Rakshasa lui demanda, avec des yeux rouges de colère : « Qui donc t’a mise dans un tel état, toi qui, douée de force et de courage, te promenais, pareille à la mort, où bon te semblait sur la terre ? Quelle main parmi les Dieux, les Gandharvas, les Bhoûtas et les magnanimes solitaires, possède une vigueur si grande, qu’elle ait pu t’infliger cette odieuse mutilation ? »

Il dit : à ces paroles de son frère jetées avec colère, Çoûrpanakhâ répondit ces mots d’une voix que ses larmes rendaient bégayante : « J’ai rencontré deux jeunes gens pleins de beauté, aux membres potelés, à la force puissante, aux grands yeux de lotus, et doués de tous les signes où l’on reconnaît des rois. Habillés de peaux noires et d’écorce, ils ressemblent aux rois des Gandharvas, et je ne saurais dire si ce sont des Dieux ou simplement des hommes.

« J’ai vu là au milieu d’eux une dame jeune, à la taille gracieuse : la beauté dont elle est douée rayonne de toutes les parures. Je me disposais dans la forêt à dévorer cette femme violemment avec ses deux compagnons, mais je me vis réduite à l’état où je suis, comme une misérable sans appui. Traînée dans le combat, malgré mes cris, malgré ma résistance, vois ! quel outrage m’a-t-on fait ;… et c’est toi, qui es mon protecteur ! »

À ces mots d’elle, Khara furieux jette cet ordre à quatorze Rakshasas noctivagues, semblables à la mort : « Deux hommes, armés de traits, vêtus de peaux noires et d’écorces, sont entrés avec une femme dans l’épouvantable forêt Dandaka. Allez ! et ne revenez pas que vous