Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main et ses flèches tirées du carquois, il se tint prêt à combattre, emplissant toute l’atmosphère avec les sons de sa corde vibrante. Le beau jeune prince avait l’air de sourire en face de tous les Rakshasas ; mais sa colère ne rendait que plus difficile à supporter la flamme de son regard, aussi flamboyant que le feu à la fin d’un youga.

À l’aspect du terrible enfant de Raghou, tous les Rakshasas tombent dans une profonde stupéfaction et s’arrêtent, quoique altérés de combat, immobiles comme une montagne.

À peine Khara, le roi des Rakshasas, eut-il vu toute son armée glacée par la stupeur, qu’il cria aussitôt à Doûshana et d’une voix pleine de véhémence : « Il n’y a pas encore de fleuve à traverser ici, et cependant voici que l’armée s’arrête comme entassée dans un même lieu : sache donc en vérité, bel ami, quelle raison a déterminé ce mouvement. » Aussitôt Doûshana pousse rapidement son char hors de l’armée, et voit Râma devant lui, ses armes déjà levées. Il reconnaît que l’armée est retenue par la terreur, il revient et le Rakshasa fait ce rapport au frère puîné de Râvana : « C’est Râma, qui se tient, son arc à la main, devant le front de bataille : toute l’armée des Rakshasas vient d’arrêter son pas à l’aspect du héros, de qui la vue inspire l’épouvante aux ennemis. »

À ces mots, Khara d’une bravoure impétueuse se précipite avec son char vers le vaillant rejeton de Kakoutstha, comme Rahou fond sur l’astre qui produit la lumière. Quand l’armée rakshasî vit Khara poussé au combat par l’aiguillon de la fureur, elle s’élança derrière lui en phalange profonde, avec le bruit des nuages, dont l’orage entrechoque de grands amas.