Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/29

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Alors Viçvâmitra, l’homme aux grandes mortifications, répondant aux paroles du Kakoutsthide, se mit à lui conter cette histoire avec étendue :

« Jadis un roi, nommé Sagara, juste comme la justice elle-même, était le fortuné monarque d’Ayaudhyâ : il n’avait pas et désirait avoir des enfants. De ses deux épouses, la première était la fille du roi des Vidarbhas, princesse aux beaux cheveux, justement appelée Kéçinî et qui, très-vertueuse, n’avait jamais souillé sa bouche d’un mensonge. La seconde épouse de Sagara était la fille d’Aristhtanémi, femme d’une vertu supérieure et d’une beauté sans pareille sur la terre.

« Excité par le désir impatient d’obtenir un fils, ce roi, habile archer, s’astreignit à la pénitence avec ses deux femmes sur la montagne, où jaillit la source du fleuve, qui tire son nom de Bhrigou. Enfin, quand il eut ainsi parcouru mille années, le plus éminent des hommes véridiques, l’anachorète Bhrigou, qu’il s’était concilié par la vigueur de ses mortifications, accorda, noble Kakoutsthide, cette grâce au monarque pénitent :

« Tu obtiendras, saint roi, de bien nombreux enfants, et l’on verra naître de toi une postérité, à la gloire de laquelle rien dans le monde ne sera comparable. L’une de tes femmes accouchera d’un fils pour l’accroissement infini de ta race ; l’autre épouse donnera le jour à soixante mille enfants. »

« Quand il eut ainsi parlé, ces deux femmes de Sagara, joignant les mains, dirent au solitaire, qui s’était amassé un trésor de pénitence, de justice et de vérité : « Qui de nous sera mère d’un seul fils, saint brahme, et qui sera mère de si nombreux enfants ? voilà ce que nous désirons