Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/298

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m’asseoir doucement sur la peau étalée dans ma couche et brillante comme l’or ! J’exprime là un atroce désir, malséant à la nature des femmes ; mais cet animal ravit mon âme jusqu’à l’envie de posséder son corps si charmant. »

À ces mots de son épouse bien-aimée, Râma, ce noble taureau du troupeau des hommes, dit alors, tout rempli de joie, au fils de Soumitrâ : « Vois, Lakshmana, le désir que cette gazelle fit naître à ma Vidéhaine : la beauté supérieure de son pelage est cause, vraiment ! que bientôt cette bête aura cessé d’être. Fils du monarque des hommes, il te faut rester sans négligence auprès de cette fille des rois jusqu’à ce que j’aie abattu cette gazelle avec une de mes flèches. Après que je l’aurai tuée et que j’aurai enlevé sa peau, je reviendrai, Lakshmana, d’un pied hâté ; mais, toi, ne bouge pas, que je ne sois de retour ici !

Voyant cette gazelle d’une splendeur égale à celle de l’Antilope céleste[1], Lakshmana, plein de soupçon, ayant roulé plus d’une fois cette pensée en lui-même, tint ce langage à son frère : « Héros, voilà cette forme prestigieuse dont se revêt souvent un Démon appelé Mârîtcha, comme jadis il nous fut raconté par de saints anachorètes, semblables au feu. Beaucoup de rois, armés d’arcs et montés sur des chars qui s’en allaient joyeux à la chasse furent tués dans le bois par ce Rakshasa, métamorphosé en gazelle.

« Il n’y a point de gazelle d’or ! D’où vient donc ici dans le monde cette association contre nature de l’or et

  1. La tête d’Orion, appelée MRIGAÇIRAS, tête de gazelle, qui est la forme de cette constellation dans la sphère indienne.