Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/301

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Son arc orné et courbé en croissant à sa main, deux grands carquois liés sur les épaules, une épée à poignée d’or à son flanc et sa cuirasse attachée sur la poitrine, il poursuivit la gazelle dans la forêt. Mârîtcha courait dans le bois avec la rapidité du vent ou même de la pensée, mais Râma suivait sa course d’assez près. Le Démon, agité par la peur de Râma, disparaissait tout à coup dans la forêt Dandaka ; l’instant d’après, il se montrait de nouveau ; et le Raghouide plein de vitesse allait toujours, se disant : « La voici ! elle s’approche ! »

Un moment, on voit la gazelle ; un moment, on ne la voit plus : elle passe d’un pied que hâte la peur du trait, alléchant par ce manége le plus grand des Raghouides. Tantôt elle est visible, tantôt elle est perdue ; tantôt elle court épouvantée tantôt, elle s’arrête ; tantôt elle se dérobe aux yeux, tantôt elle sort de sa cachette avec rapidité. Mârîtcha, plongé dans une profonde terreur, allait donc ainsi par toute la forêt.

Dans un moment où Râma vit cette gazelle, création de la magie, marcher et courir devant lui, il banda son arc avec colère ; mais à peine eût-elle vu le Raghouide s’élancer vers elle, son arc à la main, qu’elle disparut soudain et s’éclipsa plusieurs fois pour se laisser voir autant de fois sous les yeux du chasseur. Tantôt elle se montrait dans son voisinage, tantôt elle apparaissait, éloignée par une longue distance.

Par ce jeu de se découvrir et de se cacher, elle entraîna le Raghouide assez loin. Voyant courir ou cessant de voir dans la grande forêt cette gazelle, visible un moment, l’autre moment invisible dans toutes les régions du bois, comme le disque de la lune, qui paraît et disparaît sous les nuages déchirés dans un ciel d’automne, le Kakouts-