Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/307

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sion qui s’offrait à lui, ce démon à dix faces se présenta devant la chaste Vidéhaine sous la métamorphose d’un brahmane mendiant. Il était couvert d’une panne jaune et déliée ; il portait ses cheveux rattachés en aigrette, une ombrelle et des sandales, un paquet lié sur l’épaule gauche, une aiguière d’argile à sa main avec un triple bâton.

À l’aspect de ce monstre épouvantable par ses œuvres et par sa vigueur, les oiseaux et tous les êtres animés, les arbres, qui végétaient dans le Djanasthâna et même les diverses plantes nées pour grimper et saisir un appui, tout resta immobile et le vent retint même son haleine. Aussitôt qu’elle vit s’arrêter le roi des Rakshasas, venu d’une course impétueuse, la rivière Godâvarî d’enchaîner soudain son onde glacée d’épouvante. On vit courir ou s’envoler çà et là, effarouchés par ce Démon, tous les volatiles et tous les quadrupèdes, qui se trouvaient dans la Pantchavatî et la forêt de pénitence ou dans le voisinage du Djanasthâna.

Le monstre, guettant l’occasion que lui donnait cette absence de Râma, s’avança, caché dans sa métamorphose en religieux mendiant, vers Sîtâ, qui pleurait son époux : il aborda sous des formes qui ne lui convenaient aucunement cette âme pure incarnée dans une forme assortie.

Il s’arrêta, fixant les yeux sur l’épouse de Râma aux lèvres de corail, aux dents brillantes, au visage rayonnant comme une pleine-lune ; mais alors, délaissée par son époux et Lakshmana, noyée dans le chagrin et les pleurs, assise dans sa maison de feuillage et plongée dans la tristesse de ses pensées, elle ressemblait à la nuit privée de son astre et couverte d’une profonde obscurité.

À chaque membre qu’il voyait de la belle Vidéhaine,