Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/323

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par le Rakshasa aux féroces exploits, le vautour tomba rapidement sur la terre, n’ayant plus qu’un souffle de vie.

Quand elle vit l’oiseau gisant sur le sol et baigné de sang, la Vidéhaine, profondément affligée, courut à lui comme elle eût fait pour son époux. Le roi de Lankâ contemplait ce vautour à l’âme généreuse, la poitrine toute blanche, le reste du corps semblable aux sombres nuages, abattu maintenant sur la terre, où Djatâyou se débattait misérablement. Alors Sîtâ étreignit dans ses bras l’oiseau gisant sur la face de la terre et vaincu par l’épée de Râvana, en même temps que la plaintive Djanakide mouillait de pleurs son visage brillant comme l’astre des nuits.

« Le voilà donc gisant inanimé sur la terre, disait-elle, celui même qui eût dit à Râma que je vis encore, et que, tombée dans une telle infortune, je suis encore vertueuse : ah ! cette heure sera aussi l’heure de ma mort ! Râma, certainement ! ne sait pas quel grand malheur a fondu sur nous ; ce, tandis qu’il erre, son arc bandé à la main, le Kakoutsthide ignore sans doute quel monstre vint ici ! »

Une et deux fois elle appela Râma, et Kâauçalyâ, sa belle-mère, et Lakshmana lui-même : la tremblante Vidéhaine leur jetait en vain ces appels redoublés. Le monarque des Rakshasas courut alors vers sa captive, le visage pâle d’effroi, les parures et les bouquets de fleurs en désordre. Elle s’accrochait des mains aux sommités des arbustes, elle serrait les grands arbres dans ses bras et poussait de sa douce voix ces cris répétés : « Sauve-moi ! sauve-moi ! »

Mais lui, pareil à la mort, il saisit par les cheveux