venu chercher un asile dans les bois du Rishyamoûka ; mais, redoutant le vigoureux Bâli, en guerre déclarée avec lui, en butte à ses vexations, mon âme tremble sans cesse au milieu des forêts. Veuille bien me protéger, fils de Raghou ; moi, qui n’ai pas de protecteur, infortuné, que tourmente la crainte de Bâli, terreur du monde entier ! »
À ces mots, le resplendissant Kakoutsthide, qui savait le devoir et chérissait le devoir, lui répondit en souriant : « Comme j’ai reconnu dans ta grandeur un ami capable de me prêter son aide, je donnerai aujourd’hui même la mort au ravisseur de ton épouse. »
« Commence par écouter, répondit Sougrîva, quel est le courage, l’énergie, la vigueur, la fermeté de Bâli, et décide ensuite ce qui est opportun. Avant que le soleil ne soit levé, Bâli, secouant déjà la torpeur du sommeil, s’en va de la mer occidentale à l’Océan oriental, et de l’Océan méridional à la mer septentrionale. Dans sa vigueur extrême, il empoigne les sommets et les grandes cimes des montagnes, les jette dans les cieux rapidement et les rempaume dans sa main. Pense donc à le tuer par un seul coup de flèche ; autrement, nous aurons allumé la colère de Bâli, et nous subirons nous-mêmes, Kakoutsthide, cette mort, que nous lui destinons. »
Lakshmana répondit en souriant à ces paroles de Sougrîva : « Tous les oiseaux, les serpents, les hommes, les Yakshas et les Daityas, réunis aux Dieux mêmes, ne pourraient tenir en bataille contre lui, son arc à la main ! Mais quelle action lui faudrait-il faire ici pour te persuader qu’il est capable de tuer Bâli ? »
« Autrefois Bâli transperça d’une flèche trois palmiers d’un seul coup dans les sept que voici, répondit le singe