Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/358

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ouverte de sa caverne, malgré tous les efforts de ses femmes et de moi-même pour empêcher qu’il ne franchît le seuil. Il nous repoussa tous, et, sans balancer, il sortit, poussé par son courroux, aiguillonné par sa fureur ; et moi sur-le-champ de hâter ma course derrière le monarque des singes, sans autre pensée que celle de mon amitié pour lui.

« Aussitôt qu’il me vit paraître non loin de mon frère, le Démon s’enfuit rapidement, saisi de terreur ; mais nous de courir plus vite encore sur les traces du fuyard tout tremblant. La lune vint en se levant éclairer nos pas dans la route. Sur ces entrefaites, l’Asoura fuyant aperçoit dans la terre une caverne profonde cachée par de hautes graminées ; il s’y précipite soudain ; tandis que nous, en approchant, les grandes herbes nous enveloppent et nous dérobent sa vue. Quand il vit son ennemi déjà réfugié dans la caverne, Bâli, transporté de colère, me parla en ces termes, les sens tout émus : « Reste ici, toi, Sougrîva ! et garde sans négligence cette porte de l’antre aux abords très-difficiles, jusqu’au moment où, mon rival tué, je sorte d’ici ! »

« À peine mon frère eut donné cet ordre, que je tâchai par tous mes efforts d’arrêter sa résolution ; ce fut en vain, il s’engagea malgré moi dans cette caverne. Une année complète s’écoula entièrement depuis son entrée, et je testai devant la porte en faction tout le temps que dura cette révolution du soleil ; mais, ne l’ayant pas vu sortir, mon amitié pour mon frère me jeta dans une terrible inquiétude. Je craignais qu’il n’eût péri victime d’une trahison.

« Enfin, après ce long espace de temps écoulé, je vis, à n’en pas douter, je vis sortir de cette catacombe un