Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/43

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grands-oncles et fit couler sur leurs cendres les eaux du fleuve sacré. Alors, s’étant revêtus de corps divins, tous de monter au ciel dans une ivresse de joie. Quand il eut vu ce magnanime laver ainsi tous ses oncles, Brahma, entouré des Immortels, adressa au roi Bhagîratha ces paroles :

« Tigre saint des hommes, tu as délivré tes antiques aïeux, les soixante mille fils du magnanime Sagara. En mémoire de lui, ce réceptacle éternel des eaux, la grande mer, appelée désormais Sàgara dans le monde, portera, n’en doute point, ce nom d’âge en âge à la gloire.

« Aussi longtemps que l’on verra subsister dans ce monde-ci l’immortel Sàgara, c’est-à-dire la mer, aussi longtemps doit habiter dans le Paradis le roi Sagara, accompagné de ses fils. Cette Gangâ, saint monarque, deviendra même ta fille.

« Elle sera donc appelée Bhaghîrathî, nom sous lequel on connaîtra cette nymphe dans les trois mondes, comme elle devra à sa venue sur la terre le nom de Gangâ[1].

« Aussi longtemps que ce grand fleuve du Gange existera sur la terre, aussi longtemps ta gloire impérissable marchera disséminée dans les mondes ! Célèbre donc, ici la cérémonie de l’eau en l’honneur de tes ancêtres ; accomplis ce vœu en mémoire de tous, ô loi. qui règnes sur les enfants de Manou ! Ton illustre bisaïeul, ce vertueux Sagara, le plus juste des hommes justes, ne put satisfaire en cela son désir.

  1. Allusion à l’étymologie du mot Gangâ, où l’on trouve, dans ses composants, yû, iens, et gam pour gain, le gén, attiquement gan, des Grecs, terrain ; c’est-à-dire, celle qui va, ou la rivière, qui vient du ciel sur la terre.