Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/57

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ton duquel respire une colère excessive : « Eh bien ! je te donnerai quatorze mille éléphants, avec des ornements d’or, avec des brides et des colliers d’or, avec des aiguillons d’or également pour les conduire ! Je te donne encore huit cents chars, dont la blancheur est rehaussée par les dorures : chacun est attelé de quatre chevaux et fait sonner autour de lui cent clochettes. Je te donne aussi, pieux anachorète, onze mille coursiers, pleins de vigueur, d’une noble race et d’un pays renommé. Je te donne enfin dix millions de vaches florissantes par l’âge et mouchetées de couleurs différentes ; cède-moi donc à ce prix Çabalâ ! »

« À ces mots de l’habile Viçvâmitra, le bienheureux ascète répondit au monarque, enflammé de ce désir : « Pour tout cela même, je ne donnerai pas Çabalâ ! En effet, elle est ma perle, elle est ma richesse, elle est tout mon bien, elle est toute ma vie. Elle est pour moi, et le sacrifice de la nouvelle, et le sacrifice de la pleine lune, et tous les sacrifices, quels qu’ils soient, et les dons offerls aux brahmes assistants, et les différentes cérémonies du culte : oui ! roi, n’en doute pas ; toutes mes cérémonies ont dans elle leurs vives racines. À quoi bon discuter si longtemps ? Je ne donnerai pas cette vache, dont la mamelle verse à qui la trait une réalisation de tous ses désirs. »

« Quand Vaçishtha eut refusé de lui céder la vache merveilleuse, qui change son lait en toutes les choses désirées, le roi Viçvâmitra dès ce moment résolut de ravir Çabalâ au saint anachorète.

« Tandis que le monarque altier emmenait Çabalâ, elle, toute songeuse, pleurant, agitée par le chagrin, se mit à rouler, en soi-même ces pensées : « Pourquoi suis-je