Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/88

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sans égal et dont tu pourras justement glorifier ta force. »

À ces paroles de Râma le Djamadagnide, Râma le Daçarathide jeta ce discours au terrible anachorète : « J’ai entendu raconter quel épouvantable carnage fit un jour ton bras : j’excuse une action qui avait pour motif le châtiment dû au meurtre de ton père. Ces générations de kshatryas, qui tombèrent sous tes coups, avaient perdu la vigueur et le courage : ainsi, ne t’enorgueillis pas de cet exploit, dont la barbarie dépasse toute férocité. Apporte cet arc divin ! Vois ma force et ma puissance : reconnais, fils de Brighou, qu’aujourd’hui même la main d’un kshatrya possède encore une grande vigueur !

Ayant ainsi parlé, Râma le Daçarathide prit cet arc céleste aux mains de Râma le Djamadagnide, en laissant échapper un léger sourire. Quand ce héros illustre eut de sa main levé cette arme, sans un grand effort, il ajusta la corde à la coche du trait et se mit à tirer l’arc solide. À ce mouvement pour envoyer son dard, le fils du roi Daçaratha prit de nouveau la parole en ces nobles termes : « Tu es brahme, tu mérites donc à ce titre et à cause de Viçvâmitra mes hommages et mes respects : aussi, ne lancerai-je pas contre toi, bien que j’en aie toute la puissance, cette flèche, qui ôte la vie ! Mais je t’exclurai de cette voie céleste, que tu as conquise par les austérités, et je te fermerai, sous la vertu de cette flèche, l’accès des mondes saints, des mondes incomparables. En effet, cette grande et céleste flèche de Vishnou, cette flèche, qui détruit l’orgueil de la force, ne saurait partir de ma main sans qu’elle portât coup. »

Ensuite, Brahma et les autres Dieux vinrent de compagnie, avec la rapidité de la pensée, contempler Râma